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8 avril 2006

De la motivation dans nos universités: le cas de l'université de Cocody

DE LA MOTIVATION DANS NOS UNIVERSITES : LE CAS DE L’UNIVERSITE D’ABIDJAN-COCODY

DR AKE PATRICE JEAN, ASSISTANT A L’UFR-SHS UNIVERSITE DE COCODY

pakejean@hotmail.com

blog :  pakejean17@ afrikblog.com

INTRODUCTION

  Si la motivation est indispensable à l’acte d’apprendre, elle devrait être présente en permanence à l’université… et chacun de se lancer dans des projets, des innovations pour la susciter, la faire émerger, y compris avec des étudiants que l’on dit par euphémisme « en difficulté ». Ce n’est déjà par rien d’en arriver là et de le proclamer de façon positive! Les enseignants de notre université sont en manque de motivation. L’une des raisons que ce temple du savoir est plutôt devenue au fil des années un lieu de grande lamentation. Les enseignants se sentent perdus dans la masse, laminés par le découpage du temps social imposé par la société contemporaine avec ses conséquences en termes de stress ou d’épuisement; ils disent avoir perdu du plaisir, sinon leur désir et être acculés à l’efficience à l’envers de la créativité; pour beaucoup, il n’y a plus de joie à pratiquer leur métier, plus d’accomplissement personnel; leur pouvoir confine à l’impuissance et la reconnaissance qu’ils gagnent est ressentie comme celle que l’on accorde à un handicapé, voire à un malade. Où est le rapport entre maître et disciple en un temps où la relation pédagogique n’est plus vécue – « Je suis un manuel parlant devant un élève sans désir »? Où est le temps d’une profession entourée d’une certaine aura sociale pour les valeurs dont elle était porteuse? Donnons la parole à quelques témoins de la scène universitaire.

L’éminent Professeur Augustin Dibi Kouadio l’UFR-SHS, lorsqu’il fait l’état des lieux de l’université de Cocody, décrit une réalité effarante : « Les bâtiments de notre UFR sont de plus en plus dégradés. Sans aucune parole, par le langage subtil des regards, professeurs et étudiants s’accordent pour réaliser que les salles de cours n’offrent plus, d’elles-mêmes, le cadre convenable pour dire, entendre et recevoir des enseignements. Notre UFR n’a pu bénéficier de récentes constructions de salles de cours. Nous continuons de partager les anciens amphithéâtres avec les autres départements. A l’intérieur des départements eux-mêmes, les bureaux sont restés en l’état, alors qu’a sensiblement augmenté le nombre du personnel enseignant. Les couloirs devant les salles de cours sont le plus souvent occupés par les étudiants, discutant et bavardant en attendant la prochaine leçon. Les professeurs eux-mêmes ne se rencontrent que dans ces mêmes couloirs et allées, se saluant et échangeant quelques bribes de paroles. Les Revues permettant aux professeurs de publier des articles et d’offrir en partage leurs problématiques théoriques, ne paraissent plus, comme si elles étaient frappées d’une extinction soudaine! Sans nier la réalité de la crise, celle-ci ne saurait expliquer pareille situation, car n’est-ce pas précisément, en temps de crise, que l’esprit doit renouer avec son lien le plus propre, en se hâtant de réveiller la lumière? La division subtilement gagne notre Université qui se laisse envahir par les courbures et les aspérités de la société, alors que c’est vers elle, en bonne logique, que les regards devraient s’orienter lorsque tout semble obscur et que l’on cherche une étincelle de lumière! Les voyages d’études permettant aux enseignants, pendant les grandes vacances, de s’informer, de faire le point de leurs recherches et de nouer des contacts, à l’étranger, avec leurs collègues et des structures, se font de plus en plus rares[1]. »

Le Dr Traoré Flavien, le porte-parole des Enseignants du Supérieur et des chercheurs, ne dit pas autre chose, dans les revendications de la coordination, qui a entraîné la grève qui a commencé depuis le 14 Mars 2006 et qui se poursuit. Ces enseignants réclament un statut particulier, qui prend en compte les points suivants : «

1.      La retraite à 65 ans, tous grades confondus, sans limitation d’années de travail avec possibilité pour l’enseignant et le chercheur de rester à son poste après 65 ans.

2.      Le revalorisation du statut socio-économique de l’enseignant du supérieur et du chercheur pour mettre fin à l’injustice cruelle et à l’humiliation dont les membres de ce corps d’élite sont l’objet.

3.      La revalorisation de la prime de recherche à 2.400000 F Cfa pour les Enseignants du Supérieur et les Chercheurs de rang A et à 2.000000 F Cfa pour les rangs B.

4.      Revalorisation du taux de rémunération de l’heure complémentaire et de l’heure de vacation.

5.      La rémunération des corrections des copies et des délibérations

6.      La revalorisation des primes de participation aux jurys, des primes d’encadrement et des primes d’instruction de thèse pour accroître le nombre de soutenances  et réduire les périodes d’instruction de DEA et de thèse.

7.      La reprise des voyages d’études des enseignants et des chercheurs assurés par les universités, les centres et instituts de recherche : 1 voyage par enseignant ou chercheur tous les deux ans.

Ce statut particulier a pour but

§         premièrement de mettre fin à l’injustice dont les enseignants du supérieur et les chercheurs sont l’objet par rapport à d’autres corps de métiers intellectuellement moins méritants

§         deuxièmement de valoriser la fonction de l’enseignant du supérieur et du chercheur qui doivent être des modèles de réussite sociale pour la jeunesse estudiantine et scolaire,

§         troisièmement d’accroître l’efficacité et la compétitivité des enseignants du supérieur et des chercheurs ivoiriens pour davantage stimuler la production scientifique et technique,

§         quatrièmement de relancer les vocations dans l’enseignement supérieur et la recherche[2]. »

En plus de ce statut particulier, les enseignants veulent l’outil informatique et que l’Etat leur mette en place une bibliothèque virtuelle. Ils souhaitent aussi que l’Etat équipe l’université en laboratoires et de centres de recherche, construise de nouveaux amphithéâtres et des salles de travaux pratiques et dirigés. L’Etat doit aussi accroître le nombre des structures sanitaires et mette en place un projet de lutte contre l’insécurité sur le campus.

Le prof. Eholié, en ouvrant la lucarne de nos universités vers les universités américaines, ne mâche pas ses mots : « La plupart des réformes engagées en Afrique visent à faire des universités publiques des institutions structurées et autonomes, à l’instar de leurs consœurs  d’outre-Atlantique. Seulement voilà : l’ambition affichée par les responsables politiques africains se heurte à deux obstacles majeurs. Le premier est, paradoxalement, le manque de volonté de la part même des initiateurs des réformes et ceux chargés de les mettre en œuvre…N’étant pas souvent des références en matière de démocratie, les dirigeants assimilent l’idée de l’autonomie des universités à un risque élevé de déstabilisation de leurs régimes, sinon à un suicide politique… Le deuxième obstacle à la reproduction du modèle américain en Afrique est la morosité ambiante. Dans la plupart des pays subsahariens, la majorité des universités dans une logique d’autofinacement est une augmentation considérable des frais de scolarité, et, par ricochet, l’exclusion d’un bon nombre de bacheliers africains de l’enseignement supérieur[3]… »

Toutes ces revendications posent le problème fondamental de l’université, son sens, sa mission dans un pays en voie de développement. Ce sera notre premier thème de réflexion. Puis nous nous intéresserons, dans un second moment,  à la crise que connaît notre pays et le rôle des universitaires dans cette crise. Enfin dans un troisième temps nous parlerons de la question de la motivation de nos enseignants dans nos universités.

1. L’UNIVERSITE : SON SENS ET SA MISSION

Le rôle de l’université est de former à la liberté. Et c’est parce qu’il croit à la parole, pas au bavardage, à la parole libre vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis de l’autre, que l’enseignant est susceptible de créer et d’affronter les tâches de l’avenir. La liberté académique est, en même temps, une responsabilité vis-à-vis de la société et du monde. Il importe que la parole universitaire soit présente dans les grands débats et enjeux de notre société.  Le Prof. Gnagne Yadou Maurice, dans une publication parue dans Fraternité Matin du Samedi 10 au Dimanche 11 décembre 2005, intitulée, « les intellectuels dans la crise ivoirienne » a accusé ces derniers de tous les maux. Il les rend responsables de tout ce qui arrive à la Côte d’Ivoire car, selon lui, « à cause d’eux la Côte d’Ivoire, notre pays, est humiliée. A cause d’eux, ce pays est traîné dans la boue, son peuple est frappé d’ostracisme. Ses institutions sont moquées de l’extérieur[4]. » Nous ne partageons pas tout à fait cette analyse. Tout comme nous n’acceptons pas les vérités faciles du genre, « l’université de notre pays est à l’image de notre société ». Ainsi, nous entendons souvent que « l’université va mal, parce que notre société va mal. »

C’est ainsi que beaucoup de personnes voient dans l’université un objet de profit. Ou encore l’université est vue comme une usine à diplômes Par rapport à la consommation de la science, l’université actuelle, placée dans ce nouveau contexte économique qui l’oblige à adopter une attitude consommatrice, s’est donnée comme principale marchandise à consommer le savoir lui-même. L’enseignant lui-même est un marchand, la préparation à l’examen, comme la grande fête des marchandises conceptuelles. Dans cette perspective, le cours magistral devient le goutte-à-goutte publicitaire qui doit inciter tous les consommateurs à consommer frénétiquement, pour le jour venu, ce qui s’y trouvait promis. Mais pourquoi y a-t-il crise à l’université?

Il y a crise à l’université parce que ceux qui décident sont loin des problèmes, ceux qui vivent les situations croient eux-mêmes qu’ils n’ont rien à dire. Il y a crise peut-être plus profonde dans l’université parce que sa structure empêche les étudiants et enseignants d’utiliser leurs capacités intellectuelles pour gérer leurs activités : c’est un gigantesque gaspillage intellectuel. Il y a crise à l’université parce qu’on ne forme pas 12 000 étudiants avec une structure de formation d’élite. Il y a crise parce l’Etat finance à hauteur de 95% le budget de fonctionnement de l’université et la subvention allouée par l’Etat, à chaque étudiant, s’est réduite comme une peau de chagrin à 47 000 F.Cfa. Que doit redevenir l’université pour sortir de cette crise?

L’université doit redevenir un centre de vie morale et intellectuelle, car les humanités deviennent le cœur, l’essence même de l’Université. Tout le reste n’a de légitimité que par elles, car ce n’est que là que la signification et la valeur des actions humaines peuvent faire l’objet d’une discussion et d’une tentative de définition. Aujourd’hui, plus que jamais, il importe que l’Université aborde le problème moral, qu’elle discute des valeurs, afin de rendre la violence de la Fesci superflue et par là même inadmissible. Il importe de rendre compte et de justifier, d’une part, les valeurs qui définissent l’Université, et d’autre part, celles de la société qu’elle concourt à créer. Face à notre pays en crise depuis maintenant quatre ans, quel est notre rôle d’universitaires? Notre fonction est-elle en train de se modifier? Notre responsabilité est-elle en train de s’accroître? A quelles exigences de lucidité nouvelle sommes-nous confrontés?

2. LES UNIVERSITAIRES ET LA CRISE

Nous n’allons pas mettre dans le même panier tous les universitaires de notre pays, mais ceux pour qui le Prof. Gnagne Yadou Maurice éprouve une véritable pitié. Ces universitaires sont ceux qui  « donnent raison et argument au représentant des Nations unies pour les prochaines élections, et au Groupe International de Travail (GTI), dans leurs différentes approches anticonstitutionnelles, pseudo-consensuelles, pour le règlement de cette crise, en dépit de la clarté conceptuelle de la résolution 1633 de Nations unies qui confirme la prééminence de notre Loi fondamentale dans la recherche de solution idoine à cette crise[5]… » Ces universitaires sont ces éminents juristes qui militent pour une transition ne tenant pas compte de notre Constitution. Ce sont de pseudo-intellectuels. Ces personnes présentent un ensemble de traumatismes et de maladies infantiles, des impuissances qui les bloquent dans leur rôle premier de conscience critique de la société ivoirienne. Ce sont des personnes qui souffrent de graves maladies difficilement désignables publiquement, en raison de la dignité humaine et du respect dû aux morts. Les symptômes de ces maladies sont facilement décelables dans l’attitude infra-scientifique qu’affiche généralement l’intellectuel ivoirien actuel. Mais grisé par la détention de la parole et par l’exercice du pouvoir, ce dernier n’est pas tout à fait disposé à la diagnostiquer et ainsi à la soigner progressivement, en vue de son éradication.

En fait rongé par le virus de la politique, enfermé dans le labyrinthe de la politique politicienne, l’intellectuel ivoirien actuel désabusé, est incapable de proposer au peuple, de manière désintéressé et lucide, des voies de sortie viables de l’abîme où il a lui-même  plongé le pays.

La conquête des postes politiques alléchants l’a conduit à profaner la science, en mettant parfois à vil prix, son intelligence au service des politiciens véreux. N’étant plus tout à fait libre de ses mouvements de pensée et d’expression, le seul rôle qu’il est appelé à jouer, dans cette optique, est de tisser malicieusement des contrevérités destinées à endormir le peuple. Mais tout ne peut pas être négatif. Ceux qui veulent rechercher l’excellence à l’université sont nombreux, d’où notre troisième, comment motiver les enseignants à l’université?

3.  LA QUESTION DE LA MOTIVATION A L’UNIVERSITE

Parler de motivation aujourd’hui, c’est parler d’un sujet complexe qui intéresse à la fois la philosophie de l’éducation, la psychiatrie, la sociologie et le management. Pour Olivier Reboul, philosophe de l’éducation, par exemple, « la philosophie classique distinguait les ‘motifs’ (intellectuels) des ‘mobiles’ (affectifs); on parle encore des ‘mobiles’ du crime et des ‘motifs’ du jugement. La notion de motivation abolit cette distinction; à la fois intellectuelle et affective, elle est l’ensemble des facteurs qui expliquent un comportement et permettent de le produire éventuellement. En pédagogie, elle désigne plus précisément l’élève à apprendre par lui-même. En ce sens, la motivation est revendiquée par tous les novateurs, qui l’opposent à la contrainte et à l’ennui de l’école dite traditionnelle[6]. » Quant à Daniel Widlöcher, un psychiatre, la motivation « ne définit pas une entité psychologique distincte qui serait la cause interne de l’action, mais l’ensemble des processus qui déterminent l’activation d’une conduite[7]. » Cet auteur parle alors de la psychologie de la motivation qui doit nécessairement compléter la psychologie expérimentale[8]. Une autre approche intéressante est celle des sociologues. Pour ceux-ci, Kurt Lewin est la référence en la matière. Il définit la motivation comme « un construct, différent à la fois de l’intelligence et de la simple attitude[9]. » Deux cas peuvent se présenter chez lui : soit la situation motivante modèle l’aptitude intellectuelle d’un individu subissant l’influence de circonstances déterminées; soit cette situation motivante se transforme définitivement sous une influence de plus ou moins longue durée. Ainsi, ce n’est pas l’aptitude de l’individu qui change, mais la situation psychologique, telle qu’il la perçoit et telle qu’il parvient à la penser. Il s’agit alors du « champ de puissance sociale[10]. » Comment alors gérer les motivations, sinon par les techniques du management? En ce sens, gérer les motivations serait « organiser et établir des processus de prise de décision, prévoir et utiliser au moment opportun. Cela suppose donc la mise en place de règles de fonctionnement qui permettent au  à l’entreprise d’utiliser au mieux la motivation des salariés[11]. » N’est-ce pas dans ce sens qu’il nous comprendre la motivation des enseignants?

En effet, si la plupart des enseignants de l’université y sont venus par vocation, l’accession à la charge enseignante, les a d’abord faits entrer dans le monde de l’Etre d’abord. Ensuite, après la galère des six premiers mois sans salaire, le rappel et la salaire régulier des prochains leur a permis de résoudre tous leurs besoins physiologiques de l’Avoir. Le manque de motivation, par la suite des enseignants va expliquer en grande partie, cette hémorragie des enseignants vers les partis politiques plus lucratifs. Comment alors motiver les enseignants pour que notre université garde sa vocation? 

Nicole Aubert définit la motivation comme un terme qui « se confond en réalité (avec) la stimulation ou (avec) la satisfaction ou encore (avec) la performance[12]. » Si nous suivons le point de vue de cet auteur, quand le Ministère de Tutelle (Ceux de l’Enseignement Supérieur/de la Fonction Publique) veulent développer la motivation chez les enseignants, « c’est plus d’implication et de performance (qu’ils) souhaitent.[13] » L’employeur peut être, dans le cas d’une université privée, le chancelier de l’université ou son président. En revanche, quand les enseignants parlent de motivation, c’est en fait, plus de satisfaction qu’ils veulent. Il importe donc de définir précisément ce que nous entendons approfondir en parlant de motivation, et pour cela, repartons à l’étymologie du mot motivation.

Motivation vient du mot motif, lui-même emprunter au latin motivus : mobile et movere : mouvoir, et qui signifiait en ancien français « qui met en mouvement ». une personne motivée est comparable à une voiture en marche. Et elle « est partie d’un point de départ,…elle roule grâce à un moteur, …celui-ci est alimenté par de l’essence, et…la voiture se dirige vers une certaine destination comme d’elle seule[14]. » Efforçons-nous à présent de transposer ce schéma mécanique à l’enseignant. Son point de départ, c’est l’ensemble des expériences et des influences qui ont peu à peu façonné sa personnalité et sa façon de voir les choses et qui font qu’il se trouve à un moment M de sa vie avec un « capital » motivation en plus ou moins bon état : dans certains cas, il est intact et prêt à s’investir, dans d’autres, il est plus ou moins « abîmé » du fait d’expériences malencontreuses. L’image du moteur renvoie, quant à elle, au mécanisme de la motivation et il nécessite, pour bien fonctionner, un bon engrenage des différentes pièces qui le composent. Le point le plus intéressant concerne l’essence qui symbolise ici la source d’énergie qui impulse notre mouvement. Quant à la destination, elle correspond à ce qui constitue ses aspirations et ses désirs fondamentaux, c’est-à-dire ce vers quoi l’enseignant mobilise son énergie. Et c’est pourquoi Nicole Aubert souligne que « la motivation concerne donc l’approfondissement des motifs qui nous ‘poussent à agir’ et l’étude du processus qui nous met en mouvement[15]. » Dans ce cas, le terme de motivation n’est-il pas un peu dévoyé? Ne faut-il pas lui préférer celui de « motifs d’action »? Cette expression paraît nous renvoyer très précisément au sens initial du terme motivation. S’interroger sur la motivation des enseignants revient à penser les motifs de leurs actions. En outre, la motivation est souvent confondue avec la stimulation. Ce concept fait référence au stimulus externe qui nous pousse à agir. De plus, la motivation est liée à la performance. Pour terminer la satisfaction est un indicateur de motivation. Donnons actuellement quelques recettes pour motiver les enseignants.

Les premières et vraies motivations sont à situer au niveau de l’Avoir; ne les perdons pas de vue. Il s’agit de mettre en application toutes les revendications des enseignants de la CONAESC-CI. Les enseignants seront à l’abri de la précarité et l’université se portera mieux.

Au niveau de l’Etre également, il faut motiver les enseignants. Par exemple, pour le Prof. Dibi, « l’université doit être un lieu de rencontre, non un endroit où l’on se bouscule comme dans une foule[16]. » Il faut alors, pense-t-il « envisager de construire des salles polyvalentes avec des cafés, leur permettant d’échanger, de nouer des liens, et de faire ainsi de leur métier une manière élégante et noble de respirer, en s’ouvrant à ce qui ne rétrécit pas, mais élargit, qui n’obscurcit pas, mais éclaire, qui ne divise pas, mais unit en se tenant à la jointure des choses[17]. » Le Prof. Dibi ajoute en second lieu qu’il faut promouvoir la carrière des enseignants car « beaucoup de collègues, maîtres-assistants depuis des années, n’ayant encore pu conduire à leur terme leurs thèses d’Etat ni préparer une thèse unique, se trouvent dans une situation incommode et inélégante. Notre UFR doit pouvoir les encourager et leur trouver des occasions permettant d’achever leurs travaux[18]. »

CONCLUSION

Chaque enseignant peut être symbolisé par une double figure : il est à la fois « Adam » et « Christ ». Le mythe de l’homme « Adam » est celui d’un individu créé avec tous les attributs de la perfection et qui, ayant désobéi, s’est vu chassé du paradis terrestre. Dès lors, tout le problème d’Adam sera d’échapper à la vie de souffrance à laquelle il a été condamné : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », bref d’échapper aux maux de son milieu. Le mythe du Christ qui est parvenu à la plénitude de l’homme, symbolise l’enseignant en tant qu’être pourvu d’un désir d’accomplissement et de potentialités de développement infinies. Pour nous, chaque enseignant est à la fois Adam et Christ, c’est-à-dire qu’il cherche simultanément à réaliser deux aspirations très différentes dans son travail : d’une part échapper aux désagréments de son environnement de travail, d’autre part, trouver, dans le contenu même de son travail, la possibilité de développer et de réaliser aux mieux toutes ses capacités.


[1] DIBI (Kouadio Augustin).- Programme de l’université citoyenne. Pour le rayonnement académique de l’UFR SHS, (Abidjan, Décanat 2004), p. 3-4.

[2] COORDINATION NATIONALE DES ENSEIGNANTS DU SUPERIEUR ET DES CHERCHEURS DE COTE D’IVOIRE (CONAESC-CI).- Revendications…p. 1-4

[3] EHOLIE.- Universités : en attendant les aides, on cultive l’excellence, Fraternité Matin du 5 avril 2006

[4] GNAGNE (Yadou Maurice).- Les intellectuels dans la crise ivoirienne, dans Fraternité Matin du 10 décembre au 11 décembre 2005, p. 8

[5] GNAGNE (Yadou Maurice).- Les intellectuels dans la crise ivoirienne, dans Fraternité Matin du 10 décembre au 11 décembre 2005, p. 8

[6] REBOUL (Olivier).- « Motivation » sur le plan philosophique dans Dictionnaire des Notions Philosophiques II, (Paris, PUF 1990), p. 1695.

[7] WIDLÖCHER (Daniel).- « Motivation » sur le plan psychologique, dans Dictionnaire des Notions Philosophiques II, (Paris, PUF 1990), p. 1695.

[8] DIEL (Paul).- Psychologie de la motivation (Paris, PUF, 1969), p. 9.

[9] BALLE (F.).- « Motivation » sur la plan sociologique, dans Dictionnaire des Notions Philosophiques II, (Paris, PUF 1990), p. 1696.

[10] BALLE (F.).- « Motivation » sur la plan sociologique, dans Dictionnaire des Notions Philosophiques II, (Paris, PUF 1990), p. 1696.

[11] SANDRA (Michel).- Peut-on gérer les motivations (Paris, PUF, 1989), p. 177.

[12] AUBERT (Nicole) (Sous la direction de).- Diriger et Motiver. Secrets et pratiques (Paris, les éditions d’Organisation, 1996), p. 15.

[13] AUBERT (Nicole) (Sous la direction de).- Diriger et Motiver. Secrets et pratiques (Paris, les éditions d’Organisation, 1996), p. 15.

[14] AUBERT (Nicole) (Sous la direction de).- Diriger et Motiver. Secrets et pratiques (Paris, les éditions d’Organisation, 1996), p. 15.

[15] AUBERT (Nicole) (Sous la direction de).- Diriger et Motiver. Secrets et pratiques (Paris, les éditions d’Organisation, 1996), p. 16.

[16] DIBI (Kouadio Augustin).- Programme de l’université citoyenne. Pour le rayonnement académique de l’UFR SHS, (Abidjan, Décanat 2004), p. 6

[17] DIBI (Kouadio Augustin).- Programme de l’université citoyenne. Pour le rayonnement académique de l’UFR SHS, (Abidjan, Décanat 2004), p. 7

[18] DIBI (Kouadio Augustin).- Programme de l’université citoyenne. Pour le rayonnement académique de l’UFR SHS, (Abidjan, Décanat 2004), p. 8

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